Le danger des compléments en calcium pendant la croissance

Si l’apport de calcium est essentiel à la bonne croissance du chiot, son apport doit être précis et maitrisé car un excès peut provoquer de graves troubles ostéoarticulaires qui peut impacter toute la vie future de l’animal : douleurs chroniques, arthrose précoce, etc… Bien surveiller la croissance reste le premier pas pour assurer la santé de votre animal (n’hésitez d’ailleurs pas à jeter un œil sur le suivi de la courbe de croissance si vous ne l’avez pas fait : https://drevetpeyrache.fr/comment-bien-suivre-la-croissance-de-son-chiot-ou-de-son-chaton/).

Pourquoi le chiot est plus sensible à l’excès de calcium ? 🤔​

Chez l’adulte, l’absorption du calcium est régulée au niveau intestinale et adaptée à ses besoins. Chez le chiot en revanche, ce système de régulation n’est pas encore fonctionnel et le chiot ne régule que très mal l’absorption de calcium de son alimentation. Plus il reçoit de calcium, plus il en absorbe. Les aliments complets disponibles étant formulés pour couvrir les besoins d’un chiot en croissance, complémenter en calcium en plus d’un aliment déjà complet a de fortes chances de provoquer un excès. En cas d’alimentation maison, l’apport en calcium devra être précis et la ration calculé par un professionnel pour éviter les risques associés aux carences ou aux excès.

Ceci est particulièrement vrai pour les chiens de grande race (a fortiori chez les races géantes) car leur croissance osseuse étant particulièrement rapide, elle est d’autant plus à risque ! (et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils n’ont pas besoin de plus de calcium que les autres)

Quelles conséquences en cas d’excès de calcium ? 🦴

L’excès de calcium durant la croissance provoque énormément d’anomalies différentes mais principalement ostéoarticulaires : déformations des membres, incongruences articulaires (c’est-à-dire les os qui s’articulent mal entre eux), des retards de fermeture des plaques de croissance, une augmentation du risque de panostéite (une inflammation des os longs très douloureuse), etc… Tout ceci augmente donc considérablement le risque de troubles ostéoarticulaires pouvant avoir des conséquences sur leur santé à long terme (douleurs chroniques, arthrose précoce, etc…). Parmi les troubles ostéoarticulaires favorisés par l’excès de calcium, les plus connus sont les dysplasies !

Plus l’animal est de grand format, plus ils sont sensibles à cet excès de calcium. En effet, leurs os grandissent proportionnellement plus vite que leurs congénères de petit format ce qui augmente encore les risques de déformations osseuses ! Un berger allemand ou un labrador est déjà à considérer comme un chien de grand format, sans même parler encore des races géantes comme les dogues allemands…

Les erreurs courantes à éviter ⚠️

Beaucoup de propriétaires pensent bien faire en complémentant l’alimentation de leur chiot avec du calcium, que ce soit sous forme de poudre complément (contenant par exemple du carbonate de calcium) ou encore d’os broyés. Les aliments complets sont dors et déjà équilibrés et ne nécessite aucune complémentation. Ajouter du calcium supplémentaire va entrainer un apport trop important en calcium, voire même déséquilibrer le rapport calcium / phosphore indispensable au bon développement osseux.

Une autre erreur assez fréquente est de donner une alimentation adulte à son chiot. Bien que certains aliments adulte puissent convenir à un chiot en croissance, c’est loin d’être le cas de la totalité d’entre eux. Plus que le risque de carence, c’est plutôt le risque d’excès de calcium qui est présent avec certains aliments adulte, en particulier sur des aliments contenant des protéines de mauvaise qualité (ce qui ne sera que rarement visible sur l’emballage…).

Donnez donc toujours bien un aliment complet adapté à la croissance à votre chiot ou à votre chaton et en cas de ration maison, faites la calculer et vérifier par un-e vétérinaire nutritionniste.

Mythe dangereux : le calcium pour redresser les oreilles ☣️

Soyons clair, s’il y a bien une idée reçue qui doit s’arrêter, c’est que le calcium ça aide à redresser les oreilles. Non seulement ce mythe n’a absolument AUCUN fondement scientifique, il n’est pas logique. Le pavillon de l’oreille, dont dépend la tenue droite ou non de l’oreille, est composée de cartilage (donc d’élastine, de collagène, de tissu conjonctif, etc…) et non pas d’os. Or seuls les os sont impactés par l’apport en calcium. Il n’y a donc absolument AUCUNE raison pour que complémenter en calcium aide les oreilles à se tenir droites. Néanmoins, le risque d’excès calcique et donc de malformations osseuses est lui bien présent.

On répète donc tous en choeur : On ne complémente pas en calcium sur un aliment complet.

NB : Aucun complément n’a d’efficacité prouvée pour aider les oreilles à se redresser. Chondroïtine, glucosamine, collagène, vitamine C, etc… Aucun n’a d’intérêt démontré et certains peuvent être dangereux. La forme et la tenue des oreilles sont codées par la génétique… et on peut difficilement lutter contre ça !

Quelle quantité de calcium pour mon animal en croissance alors ? 🫡

Les besoins en calcium chez le jeune en croissance doivent être entre 2 et 3 g/Mcal dans l’idéal, avec une limite supérieure maximale de 4 g/Mcal (limite avec laquelle on évite de flirter pour éviter les problèmes…). Pour des croquettes à 4000 kcal/kg (ce qui est une densité énergétique classique d’aliment croissance), cela correspond à une teneur en calcium entre 0,8 % et 1,2 % avec une limite supérieure maximale de 1,6 %. Pour une pâtée à 1000 kcal/kg, cela va correspondre à une teneur en calcium entre 0,2% et 0,3% avec une limite supérieure maximale de 0,4%.

NB : Si vous voulez vérifier la densité énergétique d’un aliment, tout est expliqué ici : https://drevetpeyrache.fr/croquettes-et-patees-comment-connaitre-leur-apport-calorique/

De plus, le rapport entre calcium et phosphore est aussi important. De manière générale chez le chien et le chat, ce rapport doit être compris entre 1 et 2. En dessous de 1, il y a un risque de défaut de minéralisation osseuse et/ou de déminéralisation : c’est ce qu’on appelle l’hyperparathyroïdie secondaire à l’alimentation et ça va jusqu’aux fractures pathologiques (les os qui se cassent tous seuls sans traumatisme). Au-dessus de 2, il y a un risque de calcification au niveau des tissus mous comme les reins par exemple. Chez le jeune en croissance, pour que la croissance soit optimale, ce rapport Ca/P doit être plutôt compris entre 1 et 1,6.

Conclusion

Si vous donnez un aliment industriel complet, que ce soit des croquettes ou de la pâtée, complémenter en calcium votre animal en croissance risque de provoquer un excès et des troubles ostéoarticulaires qui pourront impacter le reste de sa vie. En cas d’alimentation maison, il va être d’autant plus important pendant la phase de croissance de bien maitriser les apports en calcium via un complément soigneusement choisi et en quantité calculée et vérifiée par un-e vétérinaire nutritionniste.

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